Portraits

André Brugiroux: les enseignements d’un voyageur professionnel

André Brugiroux, une vie sur la route

Il s’appelle André, il est né en banlieue parisienne en 1937.
André fait partie des personnes exaltées auprès de qui le temps passe très vite tant il a d’anecdotes à raconter. Une passion communicative, une énergie très jeune, enthousiaste, presque fiévreuse.
Ne comptez pas sur lui pour connaître le nombre de paires de chaussures qu’il a usées ou le nombre de passeports utilisés, il raconte ses aventures!

 » Je ne cherche pas l’aventure mais manque de chance à pas de pot, elle ne me rate pas! »

400 000km en stop et plus de 50 ans sur les routes, cela donne beaucoup d’anecdotes à raconter!

Dans cet article, nous abordons son expérience de voyage à travers six aspects:

  • Atteindre sa destination
  • L’attitude du voyageur
  • Vivre avec le minimum
  • Faire le tour du monde en stop
  • Ce que l’on apprend en voyageant
  • La raison des voyages d’André: la Paix

 

1. Les qualités nécessaires pour atteindre sa destination

Tout est parti d’un rêve d’enfant: visiter tous les pays et territoires du monde. La ou plutôt les destinations étaient fixées. Restaient de nombreuses inconnues et des qualités à développer.

Prévoyance

Il existe 2 manières de voyager:

  • avec une carte
  • à l’aveuglette

Voyager avec une carte ne signifie pas tout prévoir (ce n’est pas possible), cela signifie choisir la destination et emprunter la route en tout état de cause.
Puis s’en remettre à sa bonne étoile… Comme les fous, les voyageurs sont protégés. Peut-être faut-il être un peu fou pour voyager comme il l’a fait?

Détermination

Être un voyageur sac à dos ne signifie pas forcément errer sans destination. En fait, c’est tout le contraire dans le cas d’André!

Il a toujours su où il allait. Il ne savait pas comment, mais il savait qu’il réaliserait son rêve.

Les grands objectifs ont un goût d’obsession! Avec détermination, sans compromis, avec entrain et les yeux constamment rivés sur sa boussole interne, André Brugiroux fait figure de conquérant. Et il réalise toujours ses rêves!

Ouverture d’esprit

Armé de sa volonté de découvrir le monde authentique d’une manière authentique, son mode de voyage s’est révélé sur la route alors qu’il s’émancipait d’un duo d’américains pour qui voyager se limitait à franchir les kilomètres.

André souhaitait vivre au plus près des locaux, communiquer avec eux, manger la nourriture de rue.

Le stop lui permettant un contact direct avec les gens s’est imposé comme une évidence.

Persévérance

Parfois, en raison des crises politiques notamment, il a dû attendre des années pour entrer dans certains pays. Mais son opiniâtreté a eu raison des conflits. En 2018, il a réalisé son rêve de petit garçon: visiter tous les pays et territoires du monde.

 

2. Une question d’attitude: le voyage dépend du voyageur

Le monde, il l’a parcouru plusieurs fois à l’heure où le guide du routard n’existaient pas. Il arpente les routes non balisées avec 1$/ jour… Quid de Pékin Express qu’il soupçonne de s’être inspirée de son histoire 🙂

Son budget, il le consacre à la nourriture et aux visas. Il dort le plus souvent dehors, sauf lorsqu’il est invité.

 » Si vous venez en conquérant, vous vous faites tirer dessus, bien fait!
Si vous venez en touriste, vous vous faites plumer, bien fait!
Si vous venez en ami, il y a des chances que vous soyez reçu en tant que tel »

Fidèle à ses idées de paix et de fraternité, il consacre ses 7 premières années de voyage à apprendre des langues. Pour cela, il travaille en Espagne et au Canada, « Avant de partir, par mégarde, j’avais fait l’école hôtelière! » Cela lui sert à économiser pour son tour du monde!

Il travaille aussi en Allemagne où il avait un intérêt caché: « Je voulais connaître l’ennemi… 3 guerres… Aujourd’hui les jeunes sont copains, et tant mieux! »

Pour André, un voyageur qui ne parle pas au moins français, anglais et espagnol n’est ni sérieux, ni respectueux. Il apprend l’italien « c’est beau mais ça sert à rien ». Il veut apprendre le russe mais le gouvernement ne lui donne pas l’autorisation de travailler sur le territoire.

Les langues constituent le passeport humain nécessaire pour franchir le pont qui conduit à l’autre.

 

3. Vivre avec le minimum

« J’avais tout éliminé, il ne fallait pas me prendre quelque chose, j’étais gêné. »

A l’heure des tiny house et philosophies minimalistes, André fait figure de précurseur. Il n’emporte avec lui que le strict nécessaire qui se doit d’être léger.
Nul besoin de bonnes (et lourdes) chaussures de marche, il voyage en mocassins l’hiver et en tongues l’été.

Un objet qu’il a toujours choisi de ne pas emporter? Le couteau. Outil mais aussi arme, il avait décidé de se passer de toute forme de défense, son attitude d’ouverture serait la gageure de ses intentions. Pour ce qui est de l’outil, cela lui donnait des sujets de conversation et des occasions de rencontre.

Par contre, il avait toujours sur lui un lacet de chaussure. Pourquoi? La nuit venue, il s’endormait à côté de son sac à dos (poches en dessous pour qu’on ne puisse pas les vider! Le lacet servait à attacher son poignet au sac en guise d’anti-vol… Le voleur partait avec le sac et un bras accroché!

« Ce qui fait marcher le gars, c’est pas l’équipement, c’est l’envie de marcher! »

 

4. Faire le tour du monde en stop: le temps comme allié

Son objectif: visiter tous les pays et territoires du monde avec 1$/ jour. Le temps que cela mettrait, il n’en avait cure, il était prêt à y consacrer sa vie!

Son mode de voyage: le stop! Il y tient, c’est sa signature, sa philosophie. C’est sa manière de voir la « vraie vie ».

Seul petit hic: notre planète est constituée de 2/3 d’eau… ce qui implique: voilier-stop, yatch-stop, bateau-stop, avion-stop, le plus difficile selon André!
Il a le temps avec lui, s’il doit attendre 3 jours pour traverser un océan ou pour qu’une voiture le prenne, il le fera.

Un jour, en Australie, sous des températures caniculaires en bordure de désert, il attend déjà depuis plusieurs heures. Sans eau, nourriture. Il est patient, il fait cela par choix, il ne se plaint pas. Soudain, sorti de nulle part, un local lui apporte un plateau avec boisson et gâteau. « Je te vois depuis plusieurs heures, tu dois en avoir besoin ». Ce plateau, c’est sa mère qui le lui envoie, pense-t-il. Sa mère qui désaltérait toujours les voyageurs qui approchaient leur maison. Une gentillesse pour une autre à travers le temps…

Le temps pour allié, la détermination pour moteur, la curiosité comme atout, André consacre sa « vie sabbatique », 50 ans sur les routes, à écouter, voir, entendre, goûter, expérimenter, rencontrer. Un savant mélange entre audace, respect, envie et ouverture.

5. Voyager pour comprendre le monde

Voyager c’est apprendre et essayer de comprendre ce qui fait la différence du pays. Ce qu’André a compris, lui qui a voyagé partout, c’est que les différentes cultures constituent la richesse du monde.

La culture se définit comme un point de vue collectif donné par:

  • le lieu où l’on vit
  • le passé historique

Cette combinaison particulière de l’espace et du temps détermine les us et coutumes, les croyances, les aspirations. La pluralité de ces éléments fait la richesse du monde.

Les hommes étant imprégnés de leur culture, André pense que la clé pour réaliser la paix dans ce monde est d’établir l’unité dans la diversité: respecter et encourager les cultures en trouvant le point commun des hommes. C’est ainsi qu’il aime a dire qu’il a fait « le tour des hommes », et non du monde!

 

6. André Brugiroux et l’obsession de la Paix

André est né avant la seconde guerre mondiale à une demi-heure heure de Paris. Son enfance a été peuplée par les explosions des bombardements, les cauchemars de fusillade par la Gestapo, les restrictions alimentaires, même si son père, paysan auvergnat a toujours réussi avec son jardin de banlieue, à nourrir sa famille.

La guerre, il n’a jamais voulu y participer

« J’ai pas vocation de passoire! »

alors il part dans les colonies (qui existaient toujours!!!) travailler pour le mess de l’armée au Congo afin d’éviter la guerre d’Algérie.

« Les colonies, c’était pour pomper les richesses et faire bosser les mecs gratuits, pas pour apporter la civilisation… Ils racontent n’importe quoi à l’école! »

Après l’apprentissage des langues, le service militaire et trois ans de petits jobs au Canada qui lui ont permis d’économiser une somme d’argent suffisante, il part sur les routes continuer sa vie de rencontres et d’aventures incroyables.

Inconsciemment, son voyage a des allures de quête: trouver un remède à la guerre et l’exploitation. Est-ce que l’humanité peut vivre harmonieusement et pacifiquement?

Cette question en toile de fond de ses observations, il croise la route d’un mouvement appelé Baha’i, auquel ses 2 derniers livres sont consacrés. Pour lui, il s’agit de LA solution. Il en parle lors d’un TEDx ainsi que dans ses deux derniers livres: Le Prisonnier de Saint-Jean-d’Acre et Victor Hugo et l’ère nouvelle.

Retrouvez André à travers ses livres, interviews radio, télé, conférences.

Merci à André de partager son expérience si généreusement!

Article écrit par Magali Defleur, écrivain et voyageuse 🌏

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